- VELVING - Histoire et Généalogie d'un village au Pays de Nied

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Jean Baptiste ROSE, 1756-1814, baron d'empire

La vie de Jean Baptiste Rosé et son parcours militaire

 

     Correspondance de Jean Baptiste ROSE, natif de Velving, soldat de l'Armée d'Italie distingué à la bataille du Pont de Lodi le 10 mai 1796, nommé baron sous le 1er empire le 12 novembre 1809.

 

     Jean Baptiste ROSE est né le 1er mars 1756 à Velving, fils d'un manœuvre, Jean Nicolas ROSE et de PETH Madeleine, tous deux de Velving.

 

     Il entre à l'armée comme simple soldat au régiment de Hainaut le 20 avril 1774, à l'âge de 17 ans et 11 mois. Son cheminement militaire passe successivement par sept périodes politiques différentes et mouvementées : militaire sous l'avènement de Louis XVI jusqu'à la période de l'empire napoléonien soit 37 années de sa vie de 1774 à 1811.

     Il semblerait que sa passion militaire le pousse à épouser une arme encore peu connue à l'époque et techniquement novatrice : l'artillerie (d'où est d'ailleurs issue Napoléon Bonaparte). L'évolution des matériels d'artillerie a été fulgurante et l'on utilisa à l'époque le système de Gribeauval du nom de son inventeur. Ce matériel fut utilisé sous la Révolution et le 1er empire jusqu'en 1827 : ces canons tirés par deux chevaux, à âme lisse envoyaient efficacement des boulets sphériques jusqu'à 1000 mètres.

 Jean Baptiste passera du régiment de Hainaut qui était un régiment d'infanterie à celui du 2ème Régiment d'artillerie le 16 juin 1778.

     Son ascension au sein du 2ème Régiment d'artillerie n'est pas très rapide, issu du rang et d'origine modeste, il ne peut prétendre à un avancement rapide, seul les nobles accèdent à des grades plus importants. Il passera tout de même sous-officier avant la Révolution de 1789 et nommé sergent le 13 juin 1784.

     Sa carrière prendra un élan formidable après la Révolution avec la réorganisation de l'armée et les guerres révolutionnaires, puisqu'il sera nommé maréchal des logis-chef le 1er mai 1792. La même année le 10 août il passe dans le corps des officiers en étant nommé lieutenant.

    Son ascension militaire est liée aux campagnes auxquelles il prend part : entre 1792 et 1793 il servira l'armée du Nord au sein de laquelle Carnot battra les Anglais à Hondschoote (Belgique) et les Autrichiens à Wattignies (Nord de la France).

     Le 10 août 1792, il est promu lieutenant et le 13 avril 1793, il est nommé capitaine au 5ème Régiment d'artillerie légère le 13 avril 1793.

     En 1794, il sera affecté dans les Pyrénées Orientales où les troupes françaises repoussent l'envahisseur espagnol.

     De 1795 à 1797 il sera affecté en Vendée. Sa participation à la fin des évènements vendéens n'est pas à exclure : la Vendée des Chouans n'accepte pas la République et veut rétablir la royauté en s'insurgeant. Les principaux chefs chouans tels Cathelineau, Charrette, Stoefflet, Lescure, La Rochejacquelin, Bonchamp prennent Saumur et menace Nantes. Ils seront vaincus à Cholet puis au Mans et à Savenay par Kléber et Marceau (1793). Mais ce n'est qu'en 1795, grâce à Hoche que les derniers Chouans seront écrasés à Quiberon. Rosé participera à la pacification de la Vendée au sein de son régiment. Participant à la campagne de Vendée son régiment fut incorporé à l'armée d'Italie, commandée par le premier Consul Bonaparte. A ce propos, il prétend dans une lettre au Général Berthier, ministre de la Guerre, « ...qu'il jouissait, après la Bataille de Lodi, de la confiance de Bonaparte et que ce dernier lui avait souvent témoigné des éloges les plus flatteuses.. »

     A son retour des batailles de la 1er campagne d'Italie, il est nommé chef d'escadron au sein du 6ème Régiment d'artillerie à cheval le 7 juillet 1797. Ce régiment tient garnison à Metz en 1793 puis à Douai. Il fut créé sur ordre de Lafayette présent dans les murs de Metz en 1792 qui, voyant les unités d'artillerie prussienne, fut conquis par cette artillerie mobile dont il ramena l'idée en France. Presque tous les canonniers étaient à cheval, aiguillonnant les charretiers civils chargés de tirer les canons de 4 et les obusiers de 24.

     On le retrouve entre 1798 et 1801 au sein de l' Armée du Rhin sous les ordres d'Augereau, où il  restera affecté jusqu'au traité de Lunéville où l'Autriche vaincu demande la paix. Toute la rive gauche du Rhin est cédée aux français.

     Entre 1806-1807 il sert l'Armée d'Italie et entre 1808 et 1809 en Istrie : presqu'île de Croatie dans l'Adriatique.

     Il est affecté au Corps d'observation de la Hollande qui est territoire de l'empire français à cette date, sous la fonction de Directeur d'artillerie à Maestricht et en 1810 il sert au Corps d'observation de la Hollande.

     Admis à la retraite par décret du 18 janvier 1811, il se retirera à Metz tout en ayant demandé de reprendre du service après 1811 et meurt  dans cette ville le 27 octobre 1814 à 58 ans. 

 

 

Extraits de correspondances retrouvées aux archives militaires de Vincennes.

 

     Son dossier militaire retrouvé dans les archives militaires de Vincennes est celui d'un homme à la fibre militaire, un dévouement extraordinaire à l'armée auquel il offrira toute sa vie. Je retrace  ici chronologiquement l'ensemble de cette correspondance et l'une d'entre elle m'a paru intéressante à plus d'un titre : sa rencontre avec Bonaparte lors de la mémorable bataille de Lodi en 1796, lors de la 1ère campagne d'Italie. Son courage lui valu à cette époque la reconnaissance du Général.

 

Copie de l'arrêté du Directoire exécutif du 19 messidor an 5 (7 juillet 1797) 

 

 …nomination du citoyen Jean Baptiste ROSE, capitaine au 5ème régiment d'Artillerie Légère,  employé à l'Armée d'Italie est nommé au grade de chef d'escadron d'artillerie….

 

Armée d'Italie, Vérone le 21 pluviose an 9 (10 février 1801) :

 

ROSE, chef d'escadron d'artillerie à cheval au citoyen Berthier, général, ministre de la Guerre

 

 

Le ministre de la guerre lui fait part de sa promotion en tant que chef de bataillon titulaire au sein du 5ème Régiment d'artillerie à pied.   Rosé lui explique qu'il sert déjà dans l'artillerie à cheval en qualité d'officier de p… ? depuis l'époque de la création de ce régiment et qu'il a même servi sous les ordres de son Ministre de la Guerre alors général de Napoléon à l'Armée d'Italie et c'est sous ses ordres qu'il a bâti sa réputation. Il persiste d'expliquer que c'est après la fameuse bataille de Lodi en 1796 (où Bonaparte chassa les Autrichiens d'Italie) qu'il fut nommé chef d'escadron en remerciements des services rendus au passage du pont de Lodi par le 1er Consul, commandant à cette date l'Armée d'Italie et qu'il jouïssait jadis de son entière confiance : Bonaparte lui ayant souvent témoigné les éloges les plus flatteuses en présences du Général Berthier.

 

Il demande donc à continuer de servir l'artillerie à cheval et espère que sa demande, envoyée directement au Ministre de la Guerre, aura son agrément.

 

Rosé, chef de bataillon d'artillerie, Paris le 10 thermidor an 9 (29 juillet 1801).

 

Au Général GASSINDI, adjoint au 1er Inspecteur d'Artillerie à Paris.

 

Reçu en entrevue auparavant par Gassindi, Rosé le remercie de l'accueil qui lui a été fait aux observations qu'il a apporté quant à son remplacement comme chef d'escadron au 6ème Régiment d'Artillerie à cheval. Il explique que le 13 vendémiaire an 5 il a été nommé par Bonaparte à l'Armée d'Italie comme chef d'escadron. Malheureusement il a égaré sa nomination mais cela ne l'aurait pas empêché d'avoir recours à Bonaparte pour pouvoir la justifiée. Il prouve ainsi que c'est par erreur qu'il a été déplacé de son rang d'ancienneté puisqu'à l'époque de sa nomination par le 1er Consul il était déjà le plus ancien. Gassindi lui fait comprendre qu'il y a des officiers protégés pour les avancements mais Rosé n'en a cure et prétend que c'est une injustice pour un brave comme lui ayant servi l'Armée d'Italie. Depuis qu'il est chef d'escadron dans l'artillerie à Pied, le Général Marmont lui a promis de le faire réintégrer lorsqu'il y aura une place de chef d'escadron de disponible au 6ème Régiment d'Artillerie à cheval.

 

Le 15 thermidor an 9 (3 août 1801)

Rosé chef d'escadron au 6ème Régiment d'Artillerie à cheval

 

Au Général Bonaparte, 1er Consul :

 

"Vous avez eu la bonté de me nommer chef d'escadron le 13 vendémiaire an 5 étant sous vos ordres à l'Armée d'Italie. La commission que vous m'avez expédié se trouvant égarée il m'est impossible de justifier l'époque de cette nomination sans avoir recours à vous-même. Daignez donc, Citoyen Consul, vous en rappeler et me faire placer dans mon rang d'ancienneté. La confiance dont vous n'avez cessé de m'honorer me fait espérer la continuation de vos bienfaits" .

 

Rapport au Ministre le 18 thermidor an 9 (6 août 1801)

 

Le citoyen, chef d'escadron au 6ème Régiment d'Artillerie à cheval se plaint de ne pas être porté à son rang au tableau d'avancement du corps et annonce l'avoir été par le Général Bonaparte le 13 vendémiaire an 5. Le bureau ne connaît pas son avancement mais seulement de sa nomination comme chef d'escadron.

 

Rosé à Monseigneur de Feltre, ministre de la Guerre (12 février 1810)

 

Le Ministre de la Guerre lui demande de continuer à commander l'artillerie de la division stationnée dans les états romains. Mais la division de campagne napolitaine qui en faisait partie vient de recevoir l'ordre de quitter Rome pour se rendre dans le Royaume de Naples ; la 17ème compagnie du 2ème Régiment d'Artillerie à pied qui y faisait également partie vient d'être détaché vers d'autres places. Donc la division de campagne se trouve entièrement dissoute et Rosé sans affectation. Il demande donc une nouvelle affectation à l'intérieur de l'empire et il ignore les motifs pour lesquels celle de Maestricht lui a été retirée, celle qui avait été accordée par l'empereur en l'an 12. Il prétend que le motif de son retour en France est fondé sur une absence de 20 ans depuis 1789 et qu'il veut en profiter pour arranger quelques affaires de famille à Velving. Il demandera une permission de 15 jours telle étant sa première demande depuis 36 ans qu'il sert l'armée et la croit légitime.

 

Signé : Le colonel, baron d'empire, commandant l'artillerie de la division. Rosé.

 

Rosé au Ministre de la Guerre (Utrecht le 19 juin 1810)

 

Notification au ministre de sa prise de fonction à Utrecht.

 

Rosé au ministre de la Guerre Monseigneur Duc de Feltre (10 décembre 1810)

 

Notification au ministre de sa prise de fonction de directeur de l'artillerie à Bois le Duc le 9 décembre 1810.

 

Rosé au Duc de Feltre, ministre de la guerre (5 avril 1811)

 

Rosé est remplacé par le colonel d'artillerie Gunkel le 2 avril 1814 mais il refuse de remettre la place de Bois le Duc sans ordre émanant du Ministre de la Guerre. Cette ordre viendra et il pourra se retirer dans ses foyers pour jouïr d'une retraite méritée.

 

Rosé au Duc de Feltre (6 juin 1811)

 

De passage à Paris, ayant obtenu ses pensions de retraites, Rosé demande au Ministre de la Guerre s'il n'était pas nécessaire et convenable d'être présenté à Sa Majesté Impériale pour y prêter serment en qualité de baron d'empire, titre qui lui a été accordé pour ses bienfaits par Napoléon. Il demande le jour et l'heure, ainsi que la marche à suivre pour être introduit à l'audience. On ne sait s'il a obtenu gain de cause. 

 

Rosé  au Duc de Feltre (Metz le 6 août 1813)

 

Il reçoit le 6 août 1813 une lettre datée du 31 janvier 1813 lui attestant qu'il est en droit d'attendre un poste dans son grade de commandant d'armée. Mais la missive ne fait pas état du lieu d'affectation. Il ne peut s'accommoder d'un emploi dans les îles ou en Hollande ou encore dans le département de l'Elbe mais il en accepterait un dans un l'intérieur de l'empire. Il sait flatter son correspondant et lui demande de le réemployer.

 

Metz le 13 octobre 1813

 

Dans cette correspondance Rosé n'a pas obtenu la place d'inspecteur des Forêts demandée alors même que d'anciens militaires à la retraite avaient obtenu cette faveur avant d'être pensionnés. S'il demande du sursit ce n'est pas tant par besoin financier mais par passion afin d'être utile à la nation au titre de la reconnaissance que l'empereur a bien voulu lui accordée. Il demande le commandement vacant de la Place de Thionville.  

 

  

 



07/08/2009
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