- VELVING - Histoire et Généalogie d'un village au Pays de Nied

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Eglise St Pierre et sa construction clandestine

La chapelle Ste Thècle et l’Eglise St Pierre

ou la construction mouvementée d’un édifice clandestin.

 

 

 

Rue de Brettnach au début du XXème siècle (Aujourd'hui Rue de l'Eglise)

 

 

« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Cette phrase du Christ à St-Pierre ne semble pas avoir eu un écho retentissant à Velving tant la construction de son église s’est faite avec de l’audace mais surtout dans la clandestinité.

 

Il existait au milieu du 18ème siècle, au quartier dit « Oberdorf », à l’emplacement  même du n° 2 de la rue des Fontaines, une chapelle dédiée à Ste-Thècle. Sa très belle statue en bois polychrome a été conservée dans l’église de Valmunster, classée par les Beaux-arts en 1971, ramenée du sud de la France en 1970 alors qu’elle avait été cachée à l’envahisseur en 1940.

 

 

Cette chapelle dont nous ne connaissons pas la date exacte de construction fut érigée en chapelle de secours le 17 mars 1756, c’est-à-dire qu’elle est devenue une succursale de l’église-mère de Valmunster dont dépendait Velving. La carte géographique des Naudin de 1720-1730 ne fait mention d’un quelconque lieu de culte dans notre village à cette époque. On peut donc nécessairement penser qu’elle fut érigée entre 1730 et 1756. Avant cette date les habitants de Velving allaient faire leur devoir de paroissiens en l’église  St Jean Baptiste de Valmunster.

 

Au 18ème siècle, les bénédictins de l’abbaye de Mettlach mentionnent dans un pouillé, la liste des chapelles succursales de Valmunster en y ajoutant la chapelle de secours Ste-Thècle de Velving, nouvellement construite.

 

L’édifice entièrement disparu aujourd’hui, nous laisse pourtant quelques indices de sa présence voilà 250 ans :

 

-          une croix, en pierre de taille, encore visible de nos jours sur la maison anciennement BRAUSSEN Alphonse, n° 2 de la rue des Fontaines ;

 

Ancienne croix de la chapelle Ste Thècle (1730-1750)

 

 

Ancienne maison BRAUSSEN Rue des Fontaines (construction 1865 au lieu-dit Kappelgarten, à l'endroit même de l'ancienne chapelle)

 

 

-          une statue en bois polychrome, de Ste-Thècle, patronne de cet oratoire, conservée dans l’église de Valmunster ;

-          un lieu-dit cadastral dénommé « Kappelgarten ». (Jardin de la chapelle).

 

Velving a toujours eu le soucis de se rendre indépendant de Valmunster, que ce soit civilement, en obtenant en 1849 sa mairie mais aussi d’un point de vue religieux, mais sans jamais y parvenir. Et pourtant Velving a son église, voilà son histoire, construite dans la clandestinité.

 

Les habitants des succursales de l’église-mère de Valmunster (Velving-Penningen-Holling-Tuttingen-Eblange-Buchingen et même Brettnach et Ottonville) devaient se rendre à Valmunster pour tous les devoirs liés au culte, même si ces villages en possédait. Un chemin de champs nous rappelle encore cette période car dans la mémoire collective ce chemin est resté le  « Totenweg » (chemin des morts), commun à tous ces villages et que l’on empruntait pour faire ensevelir les morts au cimetière de Valmunster.

 

Ces contraintes religieuses et une certaine exaspération ont souvent amené les populations à se rendre indépendants ne serait-ce parce que l’on devait s’y rendre par tous les temps, qui plus est par des chemins difficiles et des distances lointaines.

Ces seules raisons ne suffisent pas à vouloir édifier un nouveau bâtiment, deux autres vont y amener.

 

Dans un premier temps, la population de Velving n’avait cessé de croître par rapport à celle de Valmunster au milieu du 18ème siècle (avec 350 habitants contre 150 à Valmunster) et la chapelle de secours était devenue trop petite et commençait sérieusement à se délabrer : en l’an XII de la république, en 1803, les habitants de Velving firent une pétition pour demander un prêtre pour Velving ou au moins une binaison avec Valmunster. Ils proposaient 241 francs et 2 portions de bois de chauffage pour le desservant de Valmunster à condition qu’il accepte de biner. Le curé de Valmunster, à cette occasion, l’abbé Lang, répondit qu’il faisait souvent la messe à Velving mais que la chapelle y était trop petite et que beaucoup de fidèles restaient dehors.

 

Ci-joint un extrait d'un acte du 25/09/1763 devant notaire où les habitants se plaignent du délabrement de l’édifice.

 

 

Dans cet acte les habitants se plaignent du délabrement de la chapelle et de son exiguité, spécfiant qu'elle ne peut être réparée et trop petite eu égard au nombre actuel des habitants....qu'ils s'étaient déjà rassemblés voilà 7-8 ans pour agrandir la chapelle ou de la faire abattre et de la réédifier aux nouvelles grandeurs et que l'on y aurait mis de nouveaux ornements,...les habitants ainsi que des personnes étrangèrent auraient consentis à se porter volontaires pour ces travaux. Il avait été alloué à Nicolas KOCH, laboureur à Velving, la somme de 336 francs, somme qui n'aurait pas pu absorber cette dépense....

 

Puis, comme on le voit, les paroissiens de Velving avaient des devoirs envers le desservant de Valmunster : salaire, bois d’affouage à mettre à disposition, etc… et  celui d’être assujetti de payer le loyer du curé.

 

Liste des habitants qui devaient payer cette « redevance » pour 1818.   

 

 

 

Au-delà du paiement d’un loyer, ils devaient contribuer aux réparations et autres frais de l’église-mère, qui avait le droit de lever avant 1789 la grosse et  la menue dîme, dont ¾ pour l’abbé et ¼ pour le curé.

 

C’est cet ensemble de contraintes qui a poussé les paroissiens de Velving à demander à l’évêché l’autorisation de construire une nouvelle église, mais ils se heurtèrent à un refus, l’évêché ne leur accordant que le 9 octobre 1821 l’autorisation d’agrandir la chapelle. Le prétexte fut toujours le même, Velving était une annexe de Valmunster et n’avait donc pas droit à la construction de son église. Sur ces allégations, ils demandaient la reconstruction de la chapelle en formulant une nouvelle demande sans préciser le lieu ni l’endroit, ni les dimensions de cet nouvel édifice. Le 12 mars 1826, l’évêché accorda la permission de construire une chapelle et d’en bénir la première pierre. Une nouvelle autorisation de construire fut donnée le 22 décembre 1830.

Cette autorisation fut contournée car au lieu de construire une chapelle à son ancien emplacement, il commencèrent à bâtir une véritable église de style « grange » à un autre endroit dans la section cadastral de 1830 dite « Parch » section B parcelle 2860 et 2861. Par cette audace, les habitants espéraient mettre l’évêque devant le fait accompli.

 

Les travaux de construction démarrèrent dès 1826, bien avant l’autorisation de l’évêché, qui n’en eut connaissance qu’en 1837. Il en défendit le culte en la fermant le 12 mai 1837. Elle rouvrit cependant le 1er  mars 1838 à la suite d’un accord entre les parties ; mais en tant que succursale de Valmunster. Elle fut dédiée à St-Pierre. Selon un compte-rendu du conseil de fabrique, on sait que le service divin n’était fait à Velving que par tolérance entre 1835 et 1855. On sait que sa construction fut achevée le 2 janvier 1831, puisque l’abbé Lang attestait que l’église était terminée à cette date et qu’elle était munie de tous les accessoires nécessaires.

 

Fort de leur acte, les paroissiens poussèrent le bouchon encore plus loin et en 1834 demandèrent que la paroisse de Valmunster soit transférée à Velving où il y avait 300 âmes alors que Valmunster n’en comptait que 127. De plus l’église avait couté 22000 francs plus 10000 francs pour le mobilier et les cloches. La maison du curé, le presbytère attenant l’église coûterait encore 10000 francs Ce presbytère devint l’école ce qui permis aux enfants d’aller à l’école sur place au-lieu d’aller à Valmunster. Ils réïtérèrent cette demande en 1850 en s’engageant à acquérir un presbytère à la condition qu’on leur accorde un prêtre. Le desservant de Valmunster touchait 200 francs pour quelques messes plus la jouissance de 30 ares de terrains et d’une portion de bois.

 

Si les autorités diocésaines furent réticentes sur le projet, il n’en fut pas de même pour les autorités civiles, puisque des fonds furent alloués à la commune de Velving-Valmunster dès 1828 pour subvenir à la construction et au mobilier y afférant :

 

-          le 10/07/1829, paiement de 49 francs à Jean SCHLITTER, cultivateur pour avoir fourni le nécessaire pour la marche d’autel ;

-          le 29/08/1829, paiement à Nicolas CONZELER, charpentier à Gomelange de 87 francs pour avoir scié les bois nécessaires pour les bans d’église

-          le 05/02/1939, décision de faire fabriquer 1 ban de communion en fer, 6 escabelles, 4 chandeliers et une grille de fer pour 60 francs. ;

-          le 14/02/1839, le conseil municipal décida la construction d’une chair et d’un confessionnal, d’une chair pastorale, 2 bancs d’échevins, une niche sur le maître-autel et une armoire pour la Ste Vierge ;

-          le 27/10/1839, paiement à Pierre MAINVILLE, charpentier à Gomelange de 46 francs pour la charpente supportant les cloches, travaux de 1828 ;

-          le 27/10/1839, décision de mise en peinture à la détrempée du chœur, des plafonds et des embrasures de fenêtres de la nef.

-          le 02/06/1843, une autorisation fut accordée pour ériger un chemin de croix.

 

Un compte-rendu de délibération du conseil de fabrique de Valmunster du 7 janvier 1855 spécifiait la célébration du culte en cette nouvelle église depuis 1835, en vertu d’une pure tolérance. Le Conseil de fabrique demanda à l’évêque que celle-ci tout en demeurant une annexe à la paroisse de Valmunster, reçoive une existence légale et soit érigée en chapelle de secours. Ce n’est que le 6 juin 1856 que Monseigneur Dupont des loges, évêque de Metz, vint visiter l’église. Il prit quelques décisions purement symboliques en réaffirmant toutefois son autorité : suppression des tabernacles tournant au-dessus du tabernacle normal, demanda que les petits autels latéraux soient achevés, exigea un banc de communion et que les fonds baptismaux soient couverts par un couvercle en étain, le tout entouré d’une grille d’environ 2 mètres.

 

Mais que devint la chapelle Ste-Thécle ?

 

La fabrique de Valmunster n’avait pas les ressources nécessaires pour subvenir à des dépenses de réparations de cet oratoire en ruine. Elle décida sa vente le 7 avril 1847. Elle obtint le 7/4/1848 du Ministre du culte CARNOT, l’autorisation de procéder à la vente mais elle oublia d’en demander l’approbation à l’évêque. Une première vente aux enchères de 829 francs somme quelque peu exorbitante pour une ruine ne trouva pas preneur. On tenta encore plusieurs autres ventes, sans succès. Mais le 03/12/1854, alors que la chapelle s’écroula, le curé Kremer demanda une nouvelle vente aux enchères à Jean BETTINGER , trésorier de la fabrique avec cette fois-ci une mise à prix de 420 francs. Il y eut des amateurs et c’est Jean Nicolas BRAUSSEN qui l’acheta, versa la somme mais aucun acte notarié n’a été dressé car la vente n’avait pas eu l’autorisation diocésaine qui n’était pas au courant. Jean Nicolas BRAUUSEN fut donc propriétaire sans titre de propriété : situation ubuesque pour ses héritiers, dont Claude son fils qui fit réunir autour d’un notaire  et en sa demeure le 21/04/1865 l’ensemble des personnes pour dresser enfin un procès-verbal de vente. Etaient présents : Jean SCHLITTER, cultivateur et Nicolas CHAMPLON, charron tous deux de Velving en tant que témoins,  Jean BETTINGER, trésorier de la fabrique et Jean Nicolas BRAUSSEN, nouveau propriétaire. Le procès-verbal fut approuvé par le Préfet de Metz le 13/07/1865.

 

A l’emplacement de la de la chapelle, Jean Nicolas construisit une ferme avec grange et écurie. Les enfants de Claude BRAUSSEN, Alphonse et Marie furent les derniers héritiers à habiter la demeure.

 

 

Eglise St Pierre au début du XXème siècle

 

L’ancien orgue de l’église St-Pierre a été acheté d’occasion, à l’état pratiquement neuf chez HAERPFER à Boulay pour 17000 francs le 24/02/1936, du temps du curé GAUDET. Cet orgue provenait de l’église de Metz-Sablon. En 1939, il fut mis à l’abri et retrouva après guerre, son ancien emplacement à la tribune. Il avait été rénové en 1960.

 

Les très beaux vitraux existants aujourd’hui ont été peints par le célèbre artiste suisse Pierre CHEVALLEY et exécutes par les établissements St Marc de Metz. Les vitraux représentent, en commençant, en entrant à gauche :

 

-          la vocation de St Pierre à l’occasion de la Pêche Miraculeuse ;

-          le Lavement des Pieds ;

-          St Pierre au Mont des Oliviers ;

-          St Pierre tranchant l’oreille du soldat Malchus ;

-          le reniement de St Pierre ;

-          la remise des clefs à St Pierre ;

-          la délivrance de St Pierre en prison ;

-          la mort de St Pierre.

 

A noter qu’un vitrail a été offert par la famille HAAG de Velving à la paroisse et que la totalité des vitraux s’est élevé à 13000 francs (Source : RL du 27/11/1960).

 

On adjoint à cette église un presbytère qui deviendra plus tard l’école et la mairie. L’abbé Gabriel WEYLAND date cette construction de 1825-1826 or le document préfectoral de l’établissement du devis nous confirme la date de 1832. Le presbytère n’aura jamais d’utilité.

 

La paroisse fêtera le centenaire de l’église St Pierre en 1956 et la bénédiction des nouvelles cloches en 1955 par Mgr HEINTZ, évêque de Metz.

 

 

Décoration de l'église lors du centnaire en 1956

 

 

1955-Exposition dez nouvelles cloches dans le choeur de l'église

 

 

Article de presse paru dans le "Katholiges Volksblatt" 1955

 

 

 

 

Sources :             Gabriel Weyland (Valmunster et son Eglise)

                            Archives départementales

                            Documents et photos personnels



31/01/2011
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